Le cadre de Frigolet

L’école de Frigolet reprend en ces lieux une longue tradition scolaire. Elle tire sa richesse et son âme de l’écrin privilégié et splendide dans lequel elle est insérée. Ce cadre, qu’il soit religieux, historique ou naturel, accompagne les enfants au quotidien, tout le long de leur scolarité.

Une richesse spirituelle

Depuis le Xe siècle, des pèlerins montent à Frigolet, la petite fondation des moines de l’abbaye de Montmajour au coeur de la Montagnette, prier l’archange Saint-Michel et la Vierge-Marie. En 1133, une communauté de Chanoines réguliers de saint Augustin s’y regroupe autour de son prieur Guillaume de Loubières. Entre périodes de fastes et années d’étiolement, Frigolet reste du XIIe au XIVe puis au XVIIe siècle un centre spirituel majeur en Provence.

En 1791, tandis que la Révolution fait rage, le couvent est saisi et les moines sont dispersés. En 1858,  la vie conventuelle restaurée par le père Edmond Boulbon, religieux trappiste, devenu prémontré, qui est à l’origine de la restauration de l’ordre en France. En 1880, l’expulsion des religieux par l’armée les contraint à l’exil à l’abbaye de Leffe. Il faudra attendre 1923, pour qu’ils retrouvent l’abbaye.

Les bâtiments de l’abbaye du XIIe siècle ont été agrandis au XIXe, notamment par la construction d’une imposante abbatiale dediée à l’Immaculée Conception et à saint Joseph. Cette abbatiale a été élevée au rang de basilique par le pape Saint Jean-Paul II en 1982.

Une histoire scolaire et littéraire

Entre 1831 et 1841, le site de Frigolet abrite un collège que fréquente Frédéric Mistral, membre fondateur du Félibrige et prix Nobel de littérature en 1904.

De 1858 à 1903, alors que la vie religieuse est restaurée à Frigolet, le bâtiment de la maîtrise Saint Norbert est élévé au coeur même de l’abbaye pour y héberger une trentaine de jeunes garçons afin d’y recevoir une éducation chrétienne, une instruction classique, ainsi qu’une formation musicale et vocale, et de rehausser la splendeur du culte liturgique des pères prémontrés.

De 1920 à 1940 se succèdent une « école apostolique » puis « Juvénat », et enfin le collège Saint Michel juqu’en 1981.

Frigolet est aussi connu par de nombreux écoliers grâce à Alphonse Daudet qui a rendu célèbre l’abbaye et son élixir dans la France entière en écrivant ses Lettres de mon moulin. Se déroulant au coeur de Frigolet, la nouvelle L’Élixir du révérend père Gaucher, avait d’abord été publiée dans le Figaro du 2 octobre 1869.

 Un écrin naturel

Le nom de Frigolet vient, d’après Frédéric Mistral du mot provençal « ferigoulet » qui veut dire « lieu où le thym abonde ».

L’abbaye Saint Michel de Frigolet est au cœur du massif de la Montagnette, situé au sud de la boucle que forment la Durance et le Rhône à leur confluence, au milieu des pins, des oliviers, des amandiers, des cyprès, embaumés de thym, de lavande et de romarin.

C’est au cœur de cet écrin que les élèves apprennent à découvrir le monde par l’apprentissage de l’écoute, l’éducation au silence, l’observation de la création. 

« L’odeur de la montagne, dès qu’il faisait du soleil, nous rendait ivres. Pour courir, nous avions toute la montagnette. Quand venait le jeudi, ou même aux heures de récréation, on nous lâchait tel qu’un troupeau et en avant dans la montagne, jusqu’à ce que la cloche nous sonnât le rappel. Aussi, au bout de quelque temps, nous étions devenus sauvages, ma foi, autant qu’une nichée de lapins de garrigue…Et nous, nous roulions dans les plantes de thym. »

Frédéric Mistral, Mémoires et récitoeur